Des actions à travers le Québec pour la sauvegarde du programme AccèsLogis
Durant la semaine du 18 janvier, des actions ont été organisées à travers le Québec pour sauvegarder l’intégrité du programme AccèsLogis. AccèsLogis est le seul programme qui permet de financer de nouveaux logements sociaux au Québec. Des occupations de bureaux, des manifestations et des actions symboliques ou théâtrales se sont tenues à Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Trois-Rivières, Saguenay, Rimouski et en Abitibi-Témiscamingue.
La crainte des nombreux activistes oeuvrant pour le droit au logement est plus que légitime. On se souviendra que lors du budget de mars 2015 déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitão, celui-ci avait réduit de moitié le nombre de logements sociaux financés annuellement, le faisant passer de 3000 à 1500. Suite à cette décision, à peine 550 nouveaux logements sociaux pourront être réalisés à Montréal contrairement à 1100, l’an dernier. Il y a actuellement plus de 25 000 ménages sur la liste d’attente de l’Office municipal d’habitation de Montréal et des milliers d’autres sur les listes de coopératives ou d’organismes sans but lucratif en habitation.
Le ministre des Affaires municipales, Pierre Moreau, et d’autres membres du gouvernement laissent maintenant entrevoir le pire quant à l’avenir même du programme. À plusieurs reprises,le ministre a affirmé qu’AccèsLogis ne fonctionnait pas, en prenant pour preuve les milliers de logements qui ont déjà été annoncés et qui tardent à se réaliser. Ce qu’il oublie de souligner c’est que ce sont les décisions mêmes de son gouvernement,soit l’abolition du programme Rénovation Québec, puis celle des subventions additionnelles accordées pour la réalisation des logements sociaux entre 2009 et 2014, qui expliquent en grande partie cet état de fait.
L’autre argument invoqué pour freiner la réalisation de logements sociaux c’est que le Québec est sorti de la pénurie de logements locatifs. François Saillant, coordonnateur du FRAPRU réfute cet argument. « Il est vrai que l’offre générale de logements locatifs s’est améliorée, mais il manque encore cruellement de grands logements familiaux dans plusieurs arrondissements de Montréal, de même qu’en Abitibi-Témiscamingue. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de construire pour réaliser de nouveaux logements sociaux. Il est aussi possible d’acheter des immeubles à logements existants, de les rénover et de les transformer en coopératives d’habitation ou en d’autres formes de logements sans but lucratif, comme ça se faisait avec succès au début d’AccèsLogis ».
Le FRAPRU déplore que le gouvernement favorise plutôt le financement de suppléments au loyer permettant la location de logements vacants sur le marché privé de l’habitation. Dans son dernier budget, le gouvernement Couillard a en effet annoncé le financement de 5800 de ces suppléments d’ici 2020. Or, l’organisme estime que cette formule ne peut en rien remplacer le financement de nouveaux logements sociaux, puisqu’elle ne permet ni la construction de logements locatifs là où il en manque, ni l’amélioration de ceux qui existent déjà. Surtout, elle ne représente pas une aide aussi permanente que le logement social, puisque les subventions ne sont assurées que pour une période de cinq ans.
Le FRAPRU revendique que le budget de mars prochain annonce le retour d’AccèsLogis, et ce, pour une période de cinq ans, comme le gouvernement l’a fait pour le supplément au loyer. De plus, il demande un accroissement majeur des investissements dans ce programme de manière à financer la réalisation d’un nombre beaucoup plus important de logements et à faire en sorte que les subventions soient suffisantes pour permettre la réalisation de ces logements partout au Québec, y compris dans les endroits où les coûts sont plus élevés.
Par Serge Lachapelle